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DE GUSTAVE FLAUBERT.

couchez-vous, etc. », c’est inattendu et cependant à sa place. La petite scène chez le restaurant, bonne.

Le remords immédiat de Jacqueline est trop exclusivement chrétien pour une femme qui se suicidera. J’aurais voulu que l’auteur insistât plus sur l’idée de dégradation. C’est un doute que je vous soumets.

Vous avez un très bon dialogue ensuite, entre elle et son amant ; il en est de même de vos analyses psychologiques, çà et là.

Mais à quoi sert le retour de M. de Blavy et de Clémence, si ce n’est à amener un mot, un seul mot ?

Seconde scène avec Edmond, très bonne ; mais voici Jacqueline qui fait exactement à Marie ce qu’elle a fait à Clémence.

Le parallélisme, puisqu’il est voulu, devrait être plus marqué et vous deviez rappeler l’autre situation analogue, en mettant les pieds dans le plat franchement, et en insistant dessus.

Je vous assure que Jacqueline n’est pas sympathique, parce qu’elle n’a pas été suffisamment amoureuse. On donne presque raison à Dherban fils, qui ne l’a jamais trompée, en définitive, et qui est l’homme de la nature. Elle lui en veut d’avoir éprouvé une surprise des sens, et il y a dans sa colère contre lui plus d’orgueil blessé que d’amour, chose très vraie et très commune. Mais l’auteur n’a pas l’air d’en avoir conscience et semble prendre le parti de son héroïne.

Quant à la lettre finale, c’est un morceau achevé ; alors seulement on se rappelle le premier chapitre, qui est beaucoup trop loin derrière nous.