ne trouverait pas vingt hommes pour se ranger sous une bannière, le mot d’ordre manque à tous les partis ; donc immobilité complète d’ici à longtemps peut-être.
Tu as su l’immense succès[1] du jeune Augier ? Et on a surtout admiré les vers ! C’est à rendre fou ! Le sieur Rolland (ce poète qui s’habille en breton et trouve Corneille « pas fort » ) a remporté une veste insigne, au Vaudeville[2] ; son œuvre fourmille de jolies phrases dont tu pourras orner l’album de la Vicomtesse. Je ne vois guère, comme infections, autre chose à te narrer.
Quant à ton vieux géant, il a commencé aujourd’hui le premier chapitre de sa troisième partie, mais j’ai bien du mal à emboîter mes personnages dans les événements politiques de 48. J’ai peur que les fonds ne dévorent les premiers plans ; c’est là le défaut du genre historique. Les personnages de l’histoire sont plus intéressants que ceux de la fiction, surtout quand ceux-là ont des passions modérées ; on s’intéresse moins à Frédéric qu’à Lamartine. Et puis, quoi choisir parmi les faits réels ? Je suis perplexe ; c’est dur !
Quant aux renseignements à recueillir, ça me demande un temps terrible. Je fais des courses, j’écris des lettres, j’envoie et renvoie mon mameluck dans les maisons, etc. ; j’ai passé une semaine entière à me trimbaler à l’hôpital Sainte-Eugénie, pour étudier des moutards atteints de croup. Bref,