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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Quand arrive cette époque, on résume involontairement ses douze mois, comme les négociants qui font leur inventaire. Moi, je retrouve votre nom à toutes les pages de mon grand livre, Princesse, du côté des bénéfices, bien entendu. Voilà une comparaison piètre, dont je vous demande excuse ; ce sera une sottise de plus à jeter dans les tas, avec les autres.

N’importe, parmi tous les hommages que l’on va vous rendre et les vœux qu’on va débiter, il n’en est pas de plus profonds et de plus sincères que les miens, Princesse, car je suis complètement à vous.


1090. À GEORGE SAND.
Mercredi après-midi [12 janvier 1870].
Chère Maître,

Votre commission était faite hier à une heure. La Princesse a, devant moi, pris une petite note sur votre affaire pour s’en occuper immédiatement. Elle m’a paru très contente de pouvoir vous rendre service.

On ne parle que de la mort de Noir[1]. Le sentiment général est la peur, pas autre chose.

Dans quelles tristes mœurs nous sommes plongés ! Il y a tant de bêtise dans l’air qu’on devient

  1. Yves Salmon, dit Victor Noir, journaliste, collaborateur de la Marseillaise, assassiné Le 10 janvier 1870 par le Prince Pierre Bonaparte, devant lequel il se présentait, accompagné de Ulric de Fonvielle, comme témoin de Paschal Grousset dans une affaire d’honneur. L’enterrement de Victor Noir eut lieu le 12 janvier.