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CORRESPONDANCE

est un peu plus gros, voilà tout. Mais, dans quelque temps, je l’espère, on ne s’en apercevra pas. Je passe mes jours à la bibliothèque de l’Institut. Celle de l’Arsenal me prête des livres que je lis le soir, et je recommence le lendemain. Au commencement de mai, je m’en retournerai à Croisset. Mais je vous verrai d’ici là. Tout va se remettre avec le soleil.

La belle dame en question[1] m’a fait, à votre endroit, les excuses les plus convenables, m’affirmant qu’ » elle n’avait jamais eu l’intention d’insulter le génie ».

Certainement, je veux bien connaître M. Favre[2] ; puisqu’il est un des vôtres, je l’aimerai.


1096. À GEORGE SAND.
[Paris.] Mardi matin [19 avril 1870].
Chère Maître,

Ce n’est pas le séjour de Paris qui me fatigue, mais la série de chagrins que j’ai reçus depuis huit mois ! Je ne travaille pas trop, car sans le travail que serais-je devenu ? J’ai bien du mal à être raisonnable, cependant. Je suis submergé par une mélancolie noire, qui revient à propos de tout et de rien, plusieurs fois dans la journée. Puis, ça se passe et ça recommence. Il y a peut-être trop longtemps que je n’ai écrit. Le déversoir nerveux fait défaut.

  1. L’Impératrice.
  2. Médecin de George Sand.