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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je n’ai que mon voisin Fortin qui me comprenne. Il vient me voir plusieurs fois par jour, car sa femme l’exaspère par son calme. Nous irons ce soir à Rouen ensemble pour avoir des nouvelles.

Donne-nous des tiennes et surtout de celles des affaires d’Ernest. Le père Cottard a des hallucinations. Il croit que les Prussiens se livrent sur son épouse à des actes de la plus complète immoralité ; il veut étrangler cette même épouse qu’il prend pour les Prussiens. Le Docteur Morel est venu le voir tout à l’heure.

Je trouve cette petite anecdote pleine de charme.

Mais si ça dure comme ça quelque temps, tout le monde perdra la boule !

Adieu, pauvre chérie.

Ton vieil oncle qui t’aime.


1118. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, mercredi, 6 heures soir [17 août 1870].

Rien de nouveau, d’aucun côté, mon pauvre loulou.

Pas de nouvelles de la guerre ! J’ai peur qu’elles ne soient mauvaises ! Ta cousine Juliette est venue ce matin déjeuner à Croisset. Elle a appris par Gustave Roquigny qu’Ernest a une commande du Gouvernement. Je suis content de cela. Il va pouvoir faire travailler ses ouvriers, et, sous le rapport du crédit, c’est bon. Tu serais bien gentille de venir passer avec nous la journée de dimanche.