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DE GUSTAVE FLAUBERT.

employez-vous les interminables heures ? Je vous prie aussi de m’écrire un peu moins vite : votre dernier billet était absolument indéchiffrable. Il est vrai que je n’ai pas la tête forte et, physiquement aussi, je deviens très faible.

Je me sens écrasé par la bêtise et la férocité de l’humanité.

Adieu, songez à moi quelquefois. J’espère au jour où je pourrai aller vous voir ! Ce sera le premier emploi de ma liberté. Je suis

tout à vous.

1134. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, jeudi soir [13 octobre 1870].
Ma chère Fille, ma pauvre Caro,

Les Prussiens ne sont pas encore à Rouen, mais ils sont à Gournay et à Gisors, et peut-être aujourd’hui aux Andelys. Il est probable qu’ils vont entrer dans Amiens ; alors la poste d’Angleterre ira par Dieppe.

Ils annoncent tellement l’intention de venir à Rouen que c’est peut-être une feinte, et qu’ils vont se porter tout de suite vers la Basse-Normandie. Il y a beaucoup des nôtres à Fleury, mais j’ai peur que cette lettre ne tombe entre leurs mains, et je ne t’en dis pas plus.

Mon pauvre domestique est parti aujourd’hui dans son pays pour la révision. Si on me l’em-