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DE GUSTAVE FLAUBERT.

que je pleure comme une bête ! Je suis devenu très vieux. Pardonnez-moi !

On ne se relève plus d’une calamité comme celle-là. De pareils coups vous ruinent l’intelligence irrémédiablement ! Les malheurs qui m’ont assailli depuis dix-huit mois (c’est-à-dire la perte de mes amis les plus chers) m’ont affaibli le moral et je résiste moins que je n’aurais cru. Je suis, comme ma pauvre patrie, humilié dans mon orgueil.

À quoi passez-vous vos journées ? Les miennes sont interminables ! Il m’est impossible de m’occuper à quoi que ce soit. Je voudrais bien avoir sur vous le plus de détails possibles. Dites à un de vos compagnons de m’en donner. Adieu. Quand nous reverrons-nous ? Dès que je le pourrai, j’irai vous faire une visite, n’en doutez pas. Pensez à moi quelquefois, et croyez que plus que jamais je suis tout à vous.

Que Giraud ou Popelin écrive l’adresse de votre lettre.


1137. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, lundi, 1 heure, 24 octobre 1870.

Mon pauvre Caro, ton mari t’écrira sans doute qu’il me trouve au plus bas degré de la démoralisation, car il ne vient ici que les dimanches, et le dimanche est pour moi un jour atroce ! Je me rappelle les visites de Bouilhet et les soirées de la