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CORRESPONDANCE

Je t’embrasse de toutes mes forces. Quand te verrai-je ?

Ton vieil oncle qui n’en peut plus.

La famille Grout va bien.


1144. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Rouen] Lundi [19 décembre 1870].
Chère Carolo,

J’ai reçu hier soir ta lettre du 15 par M. Berthelot. Nous t’écrivons au moins une fois la semaine, mais le service entre Dieppe et Rouen est si mal fait que la moitié des lettres s’égare, j’en suis sûr ! Ainsi, nous n’avons encore reçu aucune nouvelle de ton mari qui nous a quittés mardi dernier. Il avait une lettre de moi pour toi.

Tu me reproches de ne pas te donner de détails. Mais ils sont si navrants que je te les épargne. Et puis, nous sommes si las, si tristes, ta grand’mère et moi, que nous n’avons pas la force de faire de longues épîtres.

Je me lève très tard. Deux ou trois fois la semaine, je sors pendant deux heures pour aller à l’Hôtel-Dieu, chez Baudry, ou chez les dames Lapierre. Je lis au hasard et sans suite des livres qu’on me prête. Je dîne au coin du feu, dans la chambre de ta grand’mère. Enfin l’heure de se coucher vient. Mais je ne dors pas toujours ! Ta