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CORRESPONDANCE

est à sa première moitié, puis m’épandre et rugir à vos côtés.

Quelqu’un qui sait que je vous aime et qui vous admire m’a apporté un numéro du Gaulois, où se trouvaient des fragments d’un article de vous sur les ouvriers, publié dans le Temps. Comme c’est ça ! Comme c’est juste et bien dit ! Triste ! Triste ! Pauvre France ! Et on m’accuse d’être sceptique !

Que dites-vous de Mlle Papavoine, une pétroleuse, qui a subi au milieu d’une barricade les assauts de dix-huit citoyens ! Cela enfonce la fin de l’Éducation sentimentale, où on se borne à offrir des fleurs.

Mais ce qui dépasse tout maintenant, c’est le parti conservateur qui ne va même plus voter, et qui ne cesse de trembler. Vous n’imaginez pas la venette des Parisiens. « Dans six mois, monsieur, la Commune sera établie partout », est la réponse ou plutôt le gémissement universel.

Je ne crois pas à un cataclysme prochain, parce que rien de ce qui est prévu n’arrive. L’Internationale finira peut-être par triompher, mais pas comme elle l’espère, pas comme on le redoute. Ah ! comme je suis las de l’ignoble ouvrier, de l’inepte bourgeois, du stupide paysan et de l’odieux ecclésiastique !

C’est pourquoi je me perds, tant que je peux, dans l’antiquité. Actuellement, je fais parler tous les dieux à l’état d’agonie. Le sous-titre de mon bouquin pourra être : « le Comble de l’insanité ». Et la typographie se recule, dans mon esprit, de plus en plus. Pourquoi publier ? Qui donc s’inquiète de l’Art maintenant ? Je fais de la