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DE GUSTAVE FLAUBERT.

je savoure ces infections. C’est à vous dégoûter de l’adultère. Quels plats lieux communs, quelle crasse ignorance ! Et Girardin qui ouvre le bec ! et Mme ***, habituée à ouvrir autre chose, et qui fait sa partie dans le concert ! Rien ne me semble plus comique que tous ces cocus faisant dorer leurs cornes et les exhibant aux populations. Mais pardon ! il me semble que mon langage devient grossier.

Que dites-vous des trois farceurs qui ont engueulé M. Thiers ? Je trouve ça très comique et j’envie ces messieurs ; je voudrais être dans leur peau. Ils doivent être bien gais. Ce sont peut-être de simples idiots ? Autre face du problème.

Pendant que j’étais à Luchon (où je faisais le métier de duègne vis-à-vis de ma nièce, son mari n’ayant pu l’y conduire) j’ai lu, devinez quoi ? Du Pigault-Lebrun et du Paul de Kock ! Ces lectures m’ont plongé dans une atroce mélancolie. Qu’est-ce que la gloire littéraire ? M. de Voltaire avait raison, la vie est une froide plaisanterie, trop froide et pas assez plaisante. J’en ai, quant à moi, plein le dos, révérence parler.

Mon pauvre Théo est au plus bas. Encore un !

Adieu, bon courage, tant que vous le pourrez. C’est gentil de m’avoir donné l’espérance de vous voir cet hiver. Ne me trompez pas, hein ? Et d’ici là, de temps à autre, des lettres.