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CORRESPONDANCE

entre nous, que son bénissage perpétuel, sa raison si vous voulez, me tape quelquefois sur les nerfs. Je vais lui répondre par des injures sur la démocratie ; ça me soulagera.

J’attends toujours Tourgueneff qui remet son voyage de semaine en semaine, car il a des accès de goutte consécutifs.

Je ne pense pas aller à Paris avant le commencement de décembre. Il fait froid et humide, tout est vilain et triste, le dedans et l’extérieur.

Soignez-vous bien ! Restez vaillante et telle que vous êtes. Soyez toujours « notre Princesse », comme disait le pauvre Théo, et croyez à l’affection profonde

de votre.

1342. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset.] Nuit de lundi, 28 octobre 1872.

Non, mon cher et pauvre vieux, je ne suis pas malade. Si je n’ai pas été à l’enterrement de notre Théo, c’est la faute de Catulle qui, au lieu de m’envoyer son télégramme par télégraphe, l’a mis dans une lettre, que j’ai reçue trente-six heures après l’enterrement. Comme on escamote à Paris cette cérémonie, j’ai cru qu’elle avait lieu le jeudi et non le vendredi. Voilà pourquoi je suis resté.

Ah ! celui-là, je ne le plains pas ; au contraire, je l’envie profondément. Que ne suis-je à pourrir à sa place ! Pour l’agrément qu’on a dans ce