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CORRESPONDANCE

une satisfaction aussi complète que les précédentes. Quand tu me dis que tu ne viendras à Croisset que pour moi, j’entrevois la préoccupation de on ! Encore ! C’est bien faible pour une femme supérieure ! Que peuvent avoir de commun avec un être intelligent nos voisins de la rive ? Moi, plus je vais, et plus je me sens plein d’un dédain inexprimable pour les bourgeois, sans compter les bourgeoises. Les puces de Julio me semblent aussi importantes dans le monde que les trois quarts de l’espèce humaine.

Comme nouvelle, j’aurai demain « cet excellent M. Baudry » (c’est toujours ainsi que l’appelait Alfred)[1]. Il restera jusqu’à dimanche soir ; puis, le 25, Tourgueneff viendra écouter mon conte. J’en fais une copie (deuxième exemplaire) pour qu’il l’emporte. Grâce à la paresse de ce cher Moscove, Saint Julien ne paraîtra russifié qu’en novembre. Je comptais sur 1 400 francs, qui sont retardés. Quant à lui (Tourgueneff), il a été volé de 150 000 francs par un intendant et m’annonce cette perte (une bonne partie de son avoir) avec une grâce inimaginable, sans la moindre récrimination contre le coquin, en vrai gentilhomme.

Je ne croyais pas que vous dussiez (comme j’écris purement !), que vous dussiez être revenus ici du 1er  au 5 septembre au plus tard. Si vous allongez un peu votre absence, vous n’y serez pas longtemps sans moi, car je me propose d’en partir le 1er . Bref, nous ne serons pas, j’espère, plus d’une huitaine séparés, ou plutôt vous ne serez pas ici guère plus de huit jours sans m’y

  1. Alfred Le Poittevin.