Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 7.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
CORRESPONDANCE

1617. À MAURICE SAND.
Croisset, mardi [31 octobre 1876].

Merci de votre bon souvenir, mon cher ami. Moi non plus, je n’oublie pas, et je songe à votre pauvre chère maman dans une tristesse qui ne s’efface point. Sa mort m’a laissé un grand vide. Après vous, votre femme et le bon Plauchut, je suis peut-être celui qui la regrette le plus. Elle me manque.

Je vous plains des ennuis que votre sœur vous cause. Moi aussi, j’ai passé par là ! Il est si facile pourtant d’être bon ! D’ailleurs, ça donne moins de mal.

Quand nous verrons-nous ? J’ai bien envie de vous voir, pour vous voir d’abord, et puis pour causer d’elle.

Quand vos affaires seront terminées pourquoi ne pas venir pendant quelque temps à Paris ? La solitude est mauvaise dans certaines situations. Il ne faut pas se griser avec son chagrin, malgré l’attrait qu’on y trouve.

Vous me demandez ce que je fais ? Voici : cette année j’ai écrit deux contes et je vais en commencer un, pour faire, des trois, un volume que je voudrais publier au printemps. Après quoi, j’espère reprendre le grand roman que j’ai lâché il y a un an, lors de mon désastre financier. — Les choses de ce côté-là se remettent, et je ne serai pas obligé de changer rien à mon existence. Si j’ai pu me remettre à travailler, je le dois en partie aux bons conseils de votre mère. Elle avait trouvé