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DE GUSTAVE FLAUBERT.

re-écrit pour m’inviter, ajoutant en P. S. que nous causerions « des affaires de l’État et d’autres » ; ce qui montre qu’il est plein de bonne volonté pour Ernest. Après le déjeuner, Valère me reconduira ici dans sa voiture ; puis j’irai dîner chez Mme Lapierre, qui m’a écrit, dans ce but, un billet fort aimable. Donc, la journée de demain sera une journée de débauche. Je n’éprouve d’ailleurs aucun besoin de distraction, et me trouve très bien dans mon pauvre Croisset, que j’aime de plus en plus. On y est si tranquille ! Or, je n’éprouve plus que ce besoin-là : la tranquillité ! (phrase où il y a un peu « d’exagération », car j’éprouve bien d’autres besoins ; c’est pour dire que ce besoin-là est constant). Elle se résume pour moi en deux points : 1o  qu’on ne m’agace pas les nerfs, et 2o  que je n’aie pas la cervelle troublée par des idées étrangères à la sacro-sainte littérature.

Aussi ai-je fini la première partie d’Hérodias. Elle est même recopiée, et dès ce soir je me mets à la seconde.

Ce matin, j’ai eu à déjeuner votre fermier de Pissy qui apportait des arbres. On va les planter, et un de ces jours Chevalier ira en chercher d’autres, avec des rhododendrons qui feront très bon effet sur la terrasse ; l’allée d’icelle est terminée.

De quoi ai-je causé avec le sieur Quibel ? De cidre, tout le temps. J’en ai bu une carafe… de doux et j’ai même un peu la colique, pour le moment (si tu veux savoir mon entière conduite) ; de plus, comme, afin de suivre tes ordres, j’avais pris hier au soir une pilule, me voilà tout à fait relâché ! Ce qui me comble de joie.