Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 8.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
DE GUSTAVE FLAUBERT.

1928. À MADAME TENNANT.
Mardi soir, 13 janvier 1880.

Ne soyez pas triste, ma chère Gertrude. Songez que vous en avez encore d’autres qui ont besoin de vous ! et qui en auront toujours besoin. Votre lettre m’a été au cœur, ma vieille amie. Comme je voudrais vous voir souvent et très longtemps, seul à seul ! Nous avons tant de choses à nous dire, n’est-ce pas ?

Je souhaite à Éveline tout le bonheur que méritent son gentil caractère et son extraordinaire beauté. Un poète pour mari ? Diable ! une bourgeoise n’aurait pas fait cela et je ne vous en aime que davantage, si c’est possible. Être poète, jeune, riche et épouser celle qu’on aime ! Il n’y a rien au-dessus de ça ! et j’envie votre gendre, en faisant un retour sur mon existence si aride et si solitaire.

Le voyage de Rome est remis ; très bien. Mais celui de Paris ? Non, n’est-ce pas ? J’espère vous voir au printemps.

Je suis content que Daudet vous ait plu. L’homme, comme le talent, est plein de séduction, un pur tempérament méridional. De son côté il m’a écrit une lettre enthousiaste à votre endroit.

J’ai peur que vous ne soyez retournées en Angleterre, aussi je vous y adresse ma lettre.

Un petit mot de temps à autre, n’est-ce pas ?

Mille vraies tendresses.