Page:Flaubert - L’Éducation sentimentale éd. Conard.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Félix, mon brave, dit-elle, vous aurez votre affaire dimanche prochain, sans faute.

L’homme se mit à la coiffer. Il lui apprenait des nouvelles de ses amies : Mme de Rochegune, Mme de Saint-Florentin, Mme Lombard, toutes étant nobles comme à l’hôtel Dambreuse. Puis il causa théâtres ; on donnait le soir à l’Ambigu une représentation extraordinaire.

— Irez-vous ?

— Ma foi, non ! Je reste chez moi.

Delphine parut. Elle la gronda pour être sortie sans sa permission. L’autre jura qu’elle « rentrait du marché ».

— Eh bien, apportez-moi votre livre ! — Vous permettez, n’est-ce pas ?

Et, lisant à demi-voix le cahier, Rosanette faisait des observations sur chaque article. L’addition était fausse.

— Rendez-moi quatre sous !

Delphine les rendit, et, quand elle l’eut congédiée

— Ah ! Sainte-Vierge ! est-on assez malheureux avec ces gens-là !

Frédéric fut choqué de cette récrimination. Elle lui rappelait trop les autres, et établissait entre les deux maisons une sorte d’égalité fâcheuse.

Delphine, étant revenue, s’approcha de la Maréchale pour chuchoter un mot à son oreille.

— Eh non ! je n’en veux pas !

Delphine se présenta de nouveau.

— Madame, elle insiste.

— Ah ! quel embêtement ! Flanque-la dehors !

Au même instant, une vieille dame habillée de noir poussa la porte. Frédéric n’entendit rien, ne