Page:Flaubert - L’Éducation sentimentale (1891).djvu/318

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— « Moi et mon oiseau ; je vous ferais passer pour mon cousin, comme dans les vieilles comédies. »

— « Mille grâces ! »

— « Eh bien, alors, vous prendrez un logement près du nôtre. »

L’idée de se cacher d’un homme riche l’humiliait.

— « Non ! cela est impossible. »

— « À votre aise ! »

Rosanette se détourna, ayant une larme aux paupières. Frédéric l’aperçut ; et, pour lui marquer de l’intérêt, il se dit heureux de la voir, enfin, dans Une excellente position.

Elle fit un haussement d’épaules. Qui donc l’affligeait ? Etait-ce, par hasard, qu’on ne l’aimait pas ? — « Oh ! moi, on m’aime toujours ! »

Elle ajouta :

— « Reste à savoir de quelle manière. »

Se plaignant « d’étouffer de chaleur », la Maréchale défit sa veste ; et, sans autre vêtement autour des reins que sa chemise de soie, elle inclinait la tête sur son épaule, avec un air d’esclave plein de provocations.

Un homme d’un égoïsme moins réfléchi n’eût pas songé que le Vicomte, M. de Comaing ou un autre pouvait survenir. Mais Frédéric avait été trop de fois la dupe de ces mêmes regards pour se compromettre dans une humiliation nouvelle.

Elle voulut connaître ses relations, ses amusements ; elle arriva même à s’informer de ses affaires, et à offrir de lui prêter de l’argent, s’il en avait besoin. Frédéric, n’y tenant plus, prit son chapeau.

— « Allons, ma chère, bien du plaisir là-bas ; au revoir ! »

Elle écarquilla les yeux ; puis, d’un ton sec :

— « Au revoir ! »

Il repassa par le salon jaune et par la seconde antichambre. Il y avait sur la table, entre un vase plein