Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/173

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N’en déplaise aux gens qui prononcent ce nom de Quimper-Corentin, comme le nom même du ridicule et de l’encroûtement provincial, c’est un charmant petit endroit et qui en vaut beaucoup d’autres plus respectés. Vous n’y retrouvez pas, il est vrai, les fantaisies de Quimperlé, le luxe de ses herbes, le tapage de ses couleurs, mais je sais peu de choses d’un aspect aussi agréable que cette belle allée qui s’en va indéfiniment au bord de l’eau et sur laquelle l’escarpement presque à pic d’une montagne toute proche déverse l’ombre foncée de sa verdure plantureuse.

On n’est pas longtemps à faire le tour de semblables cités ni à les connaître jusque dans leurs replis les plus intimes et on y découvre quelquefois des coins qui arrêtent et vous mettent le cœur en joie. Les petites villes, en effet, sont comme les petits appartements ; elles paraissent d’abord plus chaudes et plus commodes à vivre. Mais restez sur votre illusion. Les premières ont plus de vents coulis qu’un palais, et dans les secondes il y a plus d’ennui qu’au désert.

En revenant vers l’hôtel par un de ces bons sentiers comme nous les aimons, un de ces sentiers qui montent, descendent, tournent et reviennent, tantôt le long d’un mur, tantôt dans un champ, puis entre des broussailles ou dans le gazon, ayant tour à tour des cailloux, des marguerites, des orties, sentiers vagabonds faits pour les pensées flâneuses et les causeries à arabesques ; en revenant donc vers la ville, nous avons entendu