Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/178

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que celle de la vieille coutume du verre de vin que l’on présentait la veille de la Sainte-Cécile à la statue du roi Grallon et qui, bu d’un trait par un des sonneurs de l’église, était rejeté dans la foule où celui qui le rapportait sans fracture au chapitre était récompensé d’un louis d’or. Toutes ces choses en effet étant aussi ennuyeuses à redire qu’elles ont été amusantes à apprendre, les livres vous les donneront si vous en êtes curieux, et non pas nous qui ne prisons pas assez les livres pour les copier, quoiqu’il nous arrive d’en lire et que nous ayons même la prétention d’en faire.

Étant à Quimper, nous sortîmes un jour par un côté de la ville et rentrâmes par l’autre après avoir marché dans la campagne pendant huit heures environ.

Sous le porche de l’hôtel, notre guide nous attendait. Il se mit aussitôt à courir devant nous, et nous le suivîmes. C’était un petit bonhomme à cheveux blancs, coiffé d’une casquette de toile, chaussé de souliers percés et vêtu d’une vieille redingote brune trop large qui lui flottait autour de la taille. Il bredouillait en parlant, se cognait les genoux en marchant et roulait sur lui-même ; néanmoins il avançait vite avec une opiniâtreté toute nerveuse, presque fébrile. De temps à autre seulement il arrachait une feuille d’arbre et se la collait contre la bouche pour se rafraîchir. Son métier est de courir les environs, pour aller porter les lettres ou faire des commissions. Il va ainsi à Douarnenez, à Quimperlé, à Brest, jusqu’à