Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/184

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quelque grand de la terre en agonie. On sent, au contraire, que c’est l’impression simple d’un besoin, le cri naïf d’un appétit, et comme le lit de feuilles sèches du pâtre, la hutte que l’âme s’est faite pour s’y étendre à l’aise à ses heures de fatigue. Plus que celles des villes, ces églises de village ont l’air de tenir au caractère du pays qui les porte et de participer davantage à la vie des familles qui, de père en fils, viennent à la même place y poser les genoux sur la même dalle. Chaque dimanche, chaque jour, en entrant et en sortant, ne revoient-ils pas en outre les tombes de leurs parents, qu’ils ont ainsi près d’eux dans la prière, comme à un foyer plus élargi d’où ils ne sont pas absents tout à fait ? Ces églises ont donc un sens harmonique où, comprise entre le baptistère et le cimetière, s’accomplit la vie de ces hommes. Il n’en est pas ainsi chez nous qui, reléguant l’éternité hors barrière, exilons nos morts dans les faubourgs, pour les loger dans le quartier des équarrisseurs et des fabriques de soude, à côté des magasins de poudrette.

Vers trois heures de l’après-midi, nous arrivâmes près les portes de Quimper, à la chapelle de Kerfeunteun. Il y a, au fond, une belle verrière du xvie siècle, représentant l’arbre généalogique de la Trinité. Jacob en forme la souche et la croix du Christ le sommet, qui est surmonté lui-même du Père éternel qui a la tiare au front. Le clocher carré figure sur chaque face un quadrilatère percé à jour, comme une lanterne, par une