Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/190

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Sous un dais de velours cramoisi s’avança encore une autre chasuble. Dessous, un homme à front déprimé, blond comme un porte-cigares en cuir de Russie, ayant des cils blancs, des sourcils rouges et les cheveux roulés en champignons, un de ces êtres à profil encore plus bas que niais et qui semblent scrofuleux encore plus en dedans qu’en dessus, portait pieusement d’un air confit et boursouflé le saint Sacrement en or qui tremblait dans ses mains contractées que revêtaient des gants de coton blanc. Autour de lui les enfants de chœur encensaient, les chantres vociféraient ; il marchait sur les fleurs que l’on jetait devant ses pas, et lorsqu’aux reposoirs il élevait sa chose reluisante, tout le monde se mettait à genoux, y compris les soldats, les gardes nationaux et les gendarmes qui escortaient la procession. Quatre rubans de satin tombant du dais étaient tenus par deux bambins habillés en nankin jaune, brodé sur toutes les coutures, et par deux toutes petites filles en robe bleue semée d’étoiles d’argent, les bras nus, garnis de bracelets, avec une couronne sur la tête et deux ailes roses dans le dos.

Suivaient ensuite des bourgeois de la ville qui jouaient du violon, du piston et du basson, puis une douzaine de gendarmes le sabre tiré, puis la garde nationale sur deux files, puis une compagnie de soldats précédée d’un tambour-major qui faisait tournoyer sa canne et remuer son panache.

N’ayant plus rien à voir à Quimper ni dans les