Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/194

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molles comme font les saules sur les bords des rivières.

Une église parut. Nous arrêtâmes la carriole et allâmes en faire le tour. Son clocher, découpé comme celui de Kerfunteun, est flanqué de deux clochetons, et sur son petit portail s’élève un pinacle d’où ressortent des têtes de grenouille et de chien. En face se verdit à la pluie un de ces bons vieux calvaires bretons, ciselés, sculptés, portant fleurons et personnages ; une face représente la Vierge, l’autre Jésus et ses apôtres.

Quant à l’intérieur de l’église, je ne m’en souviens guère, car je crois ne l’avoir pas vu, de même que celle de Fouesnant. Je me rappelle seulement un grand bénitier taillé dans un pilier, et de larges dalles posées transversalement pour clore l’entrée du cimetière, en manière d’échaliers.

Fouesnant, du reste, ce lieu si vanté pour toutes les délices qu’il possède, ne nous offrit qu’une détestable omelette que nous mangeâmes tout de même, un épouvantable lit où nous dormîmes néanmoins, et une pluie incessante qui ne nous empêcha pas de repartir le lendemain, ayant rabattu le bord de nos chapeaux et endossé nos waterproff.

Cette journée-là fut la première de nos vaillantes journées du Finistère. Nous fûmes rafraîchis par le vent, chauffés par le soleil, la pluie nous trempa jusqu’au dernier fil, la sueur jusqu’au dernier poil ; nous dînâmes d’artichauts crus et