Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/218

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Il y a beaucoup de gens qui croient avoir les mains belles parce qu’ils les ont propres.

Dans le cimetière d’Arz :
Mon Dieu ! n’aviez-vous pas assez d’anges au ciel ?

L ieu chéri du Seigneur où la vertu réside
A imable solitude où l’Esprit Saint préside,
T rois fois heureux celui qui charmé de tes biens
R énonce au siècle et rompt ses funestes liens
A idé par le secours de son Dieu qui le guide
P lus il trouve de croix, plus il est intrépide,
P ersuadé qu’il est que l’instant de la mort
E st l’instant fortuné qui le conduit au port.

En route ! le ciel est bleu, le soleil brille, et nous nous sentons dans les pieds des envies de marcher sur l’herbe.

De Crozon à Landévennec, la campagne est découverte, sans arbres ni maisons ; une mousse rousse comme du velours râpé s’étend à perte de vue sur un sol plat. Parfois des champs de blés mûrs s’élèvent au milieu de petits ajoncs rabougris. Les ajoncs ne sont plus en fleurs, les voilà redevenus comme avant le printemps.

Des ornières de charrettes profondes et bordées sur leurs bords d’un bourrelet de boue sèche, se multipliant irrégulièrement les unes près des autres, apparaissent devant vous, se continuent longtemps, font des coudes et se perdent à l’œil.