Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tous les établissements thermaux se ressemblent : une buvette, des baignoires et l’éternel salon pour les bals que l’on retrouve à toutes les eaux du monde. La fréquentation des étrangers donne un air plus éveillé aux habitants des eaux qu’à ceux des vallées inférieures, dont le caractère extérieur est plus grave.

À Saint-Savin, qui domine la vallée d’Argelès par exemple, l’église[1] était remplie d’hommes ; les femmes vêtues complètement de noir avaient l’air de statues. L’église est haute, nue ; les fenêtres sont petites et très élevées ; sa simplicité contraste avec les églises du pays (et notamment celles de Lourdes), qui sont toutes chargées d’ornements dans le goût des églises espagnoles, comme celle de Bétarram.

Nous avons été au bout de la terrasse du prieuré pour regarder le panorama de quatre vallées qui s’embranchent. De gros nuages flottaient sur les pics de montagnes et l’air était lourd, et cependant la brise montait jusqu’à nous. Au loin on entendait vaguement le bruit du gave dans la vallée ; l’église résonnait de cantiques et des oiseaux chantaient dans les arbres. À l’entrée du prieuré, il y a des bas-reliefs romans, arrachés au cloître détruit, dont on a formé une sorte de haie ; les feuilles de vignes qui montent le long des fûts de

  1. Sa forme est celle d’une croix ronde ; point d’abside, deux chapelles latérales parallèles au chœur ; vieilles peintures moisies ; portail roman ; un bénitier à droite en entrant représentant deux hommes qui portent un vase.