Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/6

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Voilà donc ce qui a fait que deux êtres doués de raison (définition de l’homme dans les livres) ont, pendant sept mois, médité la forme, le dessin, la couleur, le relief et l’arrangement harmonique entre eux des objets suivants, à savoir :

Un chapeau de feutre gris ;

Un bâton de maquignon, venu exprès de Lisieux ;

Une paire de souliers forts (cuir blanc, clous en dents de crocodiles) ;

Dito vernis (costume de ville pour les visites diplomatiques, s’il s’en trouve à faire, ou les courses à Paphos si par hasard les oies de cette divinité nous enlèvent dans le char de la Déesse) ;

Une paire de guêtres en cuir, appropriée aux souliers forts ;

Dito en drap pour protéger de la poussière nos chaussettes, les jours de souliers vernis ;

Une veste de toile (chic garçon d’écurie) ;

Un pantalon de toile, démesurément large pour être mis dans les guêtres ;

Un gilet de toile, dont la coupe élégante rachète la vulgarité de l’étoffe.

Ajoutez à cela la répétition du même costume en drap.

De plus, un couteau modèle, deux gourdes, une pipe en bois, trois chemises de foulard, ce qu’il faut à un Européen pour ses ablutions quotidiennes, et vous aurez le cadre dans lequel nous nous sommes présentés en Bretagne, dans lequel nous avons vécu durant quelques semaines, à la