Page:Flaubert - Salammbô.djvu/187

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attendait la nuit. Rien ne presse encore, songeait Hamilcar ; et il descendit dans la prison. Quelques-uns lui crièrent :

— Retourne.

Les plus hardis le suivirent.

La porte ouverte battait au vent. Le crépuscule entrait par les meurtrières étroites, et l’on distinguait dans l’intérieur des chaînes brisées pendant aux murs.

Voilà tout ce qui restait des captifs de guerre !

Hamilcar pâlit extraordinairement, et ceux qui étaient penchés en dehors sur la fosse le virent qui s’appuyait d’une main contre le mur pour ne pas tomber.

Mais le chacal, trois fois de suite, cria. Hamilcar releva la tête ; il ne proféra pas une parole, il ne fit pas un geste. Puis, quand le soleil fut complètement couché, il disparut derrière la haie de nopals, et le soir, à l’assemblée des Riches, dans le temple d’Eschmoûn, il dit en entrant :

— Lumières des Baalim, j’accepte le commandement des forces puniques contre l’armée des Barbares !