Page:Flaubert - Salammbô.djvu/259

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tement ; puis ses yeux s’arrêtèrent au fond, où, sur un lit en branches de palmier, retombait quelque chose de bleuâtre et de scintillant.

Elle s’avança vivement. Un cri lui échappa. Mâtho, derrière elle, frappait du pied.

— Qui t’amène ? pourquoi viens-tu ?

Elle répondit en montrant le zaïmph :

— Pour le prendre !

Et de l’autre main elle arracha les voiles de sa tête. Il se recula, les coudes en arrière, béant, presque terrifié.

Elle se sentait comme appuyée sur la force des dieux ; et le regardant face à face, elle lui demanda le zaïmph ; elle le réclamait en paroles abondantes et superbes.

Mâtho n’entendait pas ; il la contemplait, et les vêtements, pour lui, se confondaient avec le corps. La moire des étoffes était, comme la splendeur de sa peau, quelque chose de spécial et n’appartenant qu’à elle. Ses yeux, ses diamants étincelaient ; le poli de ses ongles continuait la finesse des pierres qui chargeaient ses doigts ; les deux agrafes de sa tunique, soulevant un peu ses seins, les rapprochaient l’un de l’autre, et il se perdait par la pensée dans leur étroit intervalle, où descendait un fil tenant une plaque d’émeraudes, que l’on apercevait plus bas sous la gaze violette. Elle avait pour pendants d’oreilles deux petites balances de saphir supportant une perle creuse, pleine d’un parfum liquide. Par les trous de la perle, de moment en moment, une gouttelette qui tombait mouillait son épaule nue. Mâtho la regardait tomber.

Une curiosité indomptable l’entraîna ; et,