Page:Flaubert - Salammbô.djvu/437

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la croix (*). Mais il était impossible de saisir ce qu’ils disaient, car

(*) Page 288, ligne 2. … gênés par de vieux souvenirs, ils se tenaient à distance…
chacun parlait dans sa langue et, lorsqu’on eut compris que ce qu’ils demandaient c’était un adoucissement au supplice, un assistant cria : « Frappe » et aussitôt on lapida ces téméraires. Leurs amis les relevèrent, déchirés comme par des bêtes.

Quant à Giscon et aux autres prisonniers, au nombre d’environ sept cents, les gens de Spendius se saisirent d’eux, les entraînèrent hors des retranchements et, arrivés en vue du camp carthaginois, leur coupèrent d’abord les mains. Ce même Giscon que, peu de temps auparavant, ils préféraient à tous les autres Carthaginois, qu’ils appelaient leur bienfaiteur et avaient pris pour arbitre, c’est par qui qu’ils commencèrent le supplice (*).

(*) Cf. page 288.

On les mutila, on les mit à la torture, on leur cassa les jambes (*), et, vivants encore, on les jeta dans une fosse (*).

(*) Page 268, ligne 27… à coups de barres d’airain leur avaient cassé les jambes…
(*) Page 268, ligne 28. Et ils périssaient tous, pêle-mêle, dans une fosse…

LXXXI. C’était, pour les Carthaginois, un malheur affreux et irréparable ; ils en reçurent la nouvelle avec une douleur indignée et mandèrent à Hamilcar et à Hannon, leur autre général, de les assister dans leur malheur et de venger les suppliciés.

En même temps, ils envoyèrent des hérauts aux rebelles, pour leur demander la permission d’enlever leurs morts (*). Les Barbares

(*) Page 288, § 5. Bientôt…deux étendards… signe convenu pour réclamer les cadavres…
refusèrent et les avertirent même de ne leur envoyer à l’avenir ni hérauts ni ambassadeurs, parce qu’ils leur infligeraient le même sort qu’à Giscon (*). Ils arrêtèrent ensuite de mettre à mort
(*) Page 288, § 6. et que l’on renverrait les parlementaires avec les mains coupées.
tout Carthaginois qui tomberait en leur pouvoir et, quant aux alliés de la République, de leur couper les mains et de les renvoyer dans cet état à Carthage ; ils ne manquèrent pas de le faire dans la suite…

LXXXII. Alors Hamilcar, cruellement anxieux devant tant d’atrocités, appela auprès de lui Hannon ; il espérait que les deux