Page:Flavius Josephe - Leon Blum - Contre Apion, Leroux, Paris, 1902.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XVI

L’œuvre de Moïse.


157 Voyons la première grande œuvre qu’il accomplit. C’est lui qui, lorsque nos ancêtres eurent décidé, après avoir quitté l’Égypte, de retourner dans le pays de leurs aïeux, se chargea de toutes ces myriades d’hommes, les tira de mille difficultés et assura leur salut ; car il leur fallait traverser le désert sans eau et de grandes étendues de sable, vaincre leurs ennemis et sauver, en combattant, leurs femmes, leurs enfants, et en même temps leur butin [71]. 158 Dans toutes ces conjonctures il fut le meilleur des chefs, le plus avisé des conseillers et il administra toutes choses avec la plus grande conscience. Il disposa le peuple entier à dépendre de lui, et, le trouvant docile en toute chose, il ne profita point de cette situation pour son ambition personnelle ; 159 mais dans les circonstances précisément où les chefs s’emparent de l’empire absolu et de la tyrannie, et habituent les peuples à vivre sans lois, Moïse, élevé à ce degré de puissance, estima au contraire qu’il devait vivre pieusement et assurer au peuple les meilleures lois, dans la pensée que c’était le moyen le meilleur de montrer sa propre vertu, et le plus sûr de sauver ceux qui l’avaient choisi pour cher. 160 Comme ses desseins étaient nobles et que le succès couronnait ses grandes actions, il pensa avec vraisemblance que Dieu le guidait et le conseillait. Après s’être persuadé le premier que la volonté divine inspirait tous ses actes et toutes ses pensées [72], il crut qu’il fallait avant tout faire partager cette opinion au peuple ; car ceux qui ont adopté cette croyance, que Dieu surveille leur vie, ne se permettent aucun péché [73]. 161 Tel fut notre législateur. Ce n’est pas un sorcier ni un imposteur, comme nos insulteurs le disent injustement [74] ; mais il ressemble à ce Minos tant vanté par les Grecs, et aux autres