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DE LA BASSE -NORMANDIE I47

— En effet, pense le prince. Je me sens telle- ment lourd tous les soirs, quand je me mets au lit, qu'il doit y avoir quelque malice là-dessous. Certainement on me fait prendre de l'endormil- lon. Mais si l'on m'en apporte la prochaine fois, je ne dirai rien, je le jetterai à la ruelle du lit, je ferai semblant de dormir, et je verrai ce qui arri- vera.

La jeune femme voulut faire une troisième ten- tative. Il lui restait les trois grosses noix, elle les cassa, et elle vit apparaître devant elle un superbe dévidoir, plus riche encore et plus beau que le rouet et le trô. La première forma le pied ; la seconde, les quatre bras ; et la troisième, les quatre fiUettes. Le rouet et le trô n'étaient rien auprès du dévidoir.

La dame en fut émerveillée, et proposa de nouveau à la petite tourne-broche de le lui vendre.

— Je ne le vends ni pour or ni pour argent.

— Que veux-tu donc ?

— Coucher une troisième fois avec le prince.

— Tu y as déjà couché deux fois, et tu n'en es pas plus avancée.

— Je veux essayer une troisième.