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LITTÉRATURE ORALE

la langue trop longue. On continua à glaner le lin en silence. Quand vint le moment de se reposer, on s’assit à l’ombre d’un grand chêne et l’on alla chercher dans la haie, le pain, le beurre, le cidre qu’on avait mis au frais dans la fougère. À côté des provisions déposées, on trouva une belle serviette blanche, et dans la serviette une belle galette de pain blanc, toute chaude, du beurre bien frais, sans sel, dans un petit pot, et un couteau pour couper la galette. C’était la fée à qui on avait demandé de la galette qui avait apporté tout cela. On se partagea le présent de la fée, on mit du beurre dedans et on se régala bel et bien. Puis, quand tout fut mangé, on remit soigneusement le pot et le couteau dans la serviette, on reporta le tout dans la fougère, à l’endroit où on l’avait trouvé. Un moment après on retourna voir ; il n’y avait plus rien.

— Et elle était bonne, la galette ?

— Excellente. Celle qui racontait cela disait qu’elle n’en avait jamais mangé de meilleure.

— C’est égal. Je sais bien qui n’en aurait pas mangé, dit une jeune fille.

— On assure pourtant que les fées étaient méchantes, dit une voix.