Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/440

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Arrivé à Lima, Althaus se présenta au chef du gouvernement, et, sans autre recommandation que sa bonne mine, ses allures martiales, il fut reçu avec distinction et employé selon ses désirs. Accoutumé aux proportions gigantesques des guerres de l’empire, Althaus n’aurait pu s’imaginer qu’on songeât à entrer en campagne avec une armée au-dessous de cinquante mille hommes ; aussi fut-il cruellement désenchanté quand on lui dit que le corps d’armée dont on lui confiait le commandement se composait de huit cents hommes ! Lorsqu’il vit ces soldats péruviens mal équipés, sans aucune notion de tactique ni de discipline militaires, lâches et sans presque aucune des vertus du guerrier, le pauvre Althaus resta pétrifié, et crut qu’on voulait se moquer de lui. Le malheureux fut tenté d’abandonner l’Amérique et d’accourir aux champs de la Grèce, où il avait appris que la guerre existait entre la croix et le croissant. Je ne sais sous laquelle des deux bannières mon brave cousin se serait décidé à se ranger ; mais Althaus abhorre la mer. Il avait beaucoup souffert dans le voyage qu’il venait de faire, et l’immense distance qui sépare le pays des Hellènes de celui des Incas lui fit craindre de n’arriver que pour être témoin