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ver à user sa vie en sourdes menées, en misérables petitesses.

Je n’en persistais pas moins dans le dessein que j’avais formé, non seulement d’entrer dans le mouvement politique, mais même d’y jouer un principal rôle. J’avais sous les yeux, pour m’encourager, l’exemple de la señora Gamarra, qui était devenue l’arbitre de la république. Gamarra et sa femme n’avaient renversé Orbegoso que pour régner sous le nom de Bermudez ; la señora Gamarra conduisait toutes les affaires, commandait dans les armées ; et sous les noms de Bermudez et d’Orbegoso, la lutte allait, dans le fait, s’engager entre la señora Gamarra et le moine Baldivia.

Il fallait supplanter ce dernier, réunir autour de soi les partisans d’Orbegoso ; ce n’était que par la puissance du sabre qu’on pouvait réussir dans un pareil projet. J’éprouvais une peine excessive d’être forcée d’avoir recours au bras d’un autre, quand je me sentais capable d’agir. Je devais m’appliquer à trouver un militaire qui, par l’énergie de son caractère, son influence sur les soldats, fût propre à me seconder ; lui inspirer de l’amour, développer son ambition et m’en servir pour tout entreprendre.