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Santa-Rosa. Ce dernier surtout attirait ma pensée et captivait mon attention : c’était dans son triste cloître que s’était passé un drame plein d’intérêt, dont l’héroïne était une jeune fille belle, aimante, malheureuse, oh ! bien malheureuse ! Cette jeune fille était ma parente ; je l’aimais par sympathie, et, forcée d’obéir aux fanatiques préjugés du monde qui m’entourait, je ne pouvais la voir qu’en cachette. Quoiqu’il y eût deux ans, lors de mon arrivée à Aréquipa, qu’elle s’était évadée du couvent, l’impression que cet événement avait produite était encore toute récente ; je devais donc user de beaucoup de ménagements dans l’intérêt que je montrais à cette victime de la superstition ; je n’eusse pu la servir par une autre conduite, et j’aurais couru le danger d’exciter davantage le fanatisme de ses persécuteurs. Tout ce que Dominga (c’était le nom de la jeune religieuse) m’avait raconté de son étrange histoire me donnait le plus vif désir de connaître l’intérieur du couvent où la malheureuse avait langui durant onze années ! Aussi, le soir, lorsque je montais sur la maison pour admirer les teintes gracieuses et mélancoliques que les derniers rayons du soleil répandent sur la charmante vallée d’Aréquipa, alors