Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/153

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lent, et beaucoup ; mais c’est seulement pendant le travail du jardin, ou dans la cuisine lorsqu’elles y vont pour surveiller les femmes de service, ou sur le haut des tours et des clochers quand leur devoir les y appelle ; elles parlent encore dans leurs cellules, lorsqu’à la dérobée, elles vont s’y faire de longues visites. Enfin les bonnes dames parlent partout où elles croient pouvoir le faire sans violer leur vœu, et, pour se mettre en paix avec leur conscience, elles observent un silence de mort dans les cours, au réfectoire, à l’église et surtout dans les dortoirs où jamais voix humaine n’a retenti. Ce n’est certes pas moi qui leur imputerais à crime leurs légères transgressions à la règle du saint ordre des carmélites. Je trouve tout naturel qu’elles recherchent l’occasion d’échanger quelques paroles après de longues heures de silence ; mais je désirerais, pour leur bonheur, qu’elles se bornassent à parler des belles fleurs qu’elles cultivent ; des bonnes confitures et des excellents gâteaux qu’elles font si bien ; de leurs magnifiques processions et des riches pierreries de leur Vierge, ou même encore de leur confesseur. Malheureusement, ces dames ne se bornent point à ces sujets de conversation. La critique, la mé-