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Cette charmante fille, orpheline avec 40,000 livres de rente, habite le monastère depuis cinq ans. Enfin la troisième, aimable personne de vingt-quatre ans, bonne, gaie, rieuse, est religieuse depuis sept ans. La plus âgée, qui se nomme Margarita, est pharmacienne du couvent ; Rosita, la seconde, en est la portière ; quant à la plus jeune, Manuelita, elle est trop folle et trop légère pour qu’on lui confie la moindre fonction.

Ces trois religieuses, par le besoin incessant d’activité qui les tourmente, par les bizarreries de leur esprit, furent cause d’une de ces destitutions auxquelles son excessive bonté a exposé la supérieure. La sœur Manuelita, que trop de force et trop d’embonpoint rendent toujours malade, eut une petite querelle avec le vieux docteur du couvent, parce qu’il voulait lui imposer des diètes auxquelles la jeune fille, un peu gourmande, refusait de s’astreindre. Le père de Manuelita est un vieillard octogénaire, non moins extraordinaire dans son genre que ma cousine la supérieure l’est dans le sien. L’un et l’autre sympathisent très bien ensemble et sont aussi bons amis qu’on peut l’être. Ce vieillard, qui allait souvent au cou-