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venu que la bonne Manuelita engagerait ma cousine et moi à dîner en petit comité avec ses deux amies, afin de pouvoir causer tout à notre aise et aussi longtemps que nous le voudrions. Ce fut la veille de notre sortie du couvent que ce dîner eut lieu ; c’était terminer d’une manière assez piquante les six agréables journées que nous avions passées dans ce monastère.

Manuelita nous reçut dans sa jolie petite habitation du vieux couvent. Le dîner fut un des plus splendides et surtout des mieux servis de tous ceux où je fus invitée pendant mon séjour à Aréquipa. Nous eûmes de la belle porcelaine de Sèvres, du linge damassé, une argenterie élégante, et, au dessert, des couteaux en vermeil. Quand le repas fut terminé, la gracieuse Manuelita nous engagea à passer dans son retiro. Elle ferma la porte de son jardin et donna des ordres à sa première négresse, pour que nous ne fussions point dérangées, sous quelque prétexte que ce fût.

Ce petit retiro n’était pas aussi joli que celui de la supérieure, mais il était plus original. Comme j’étais étrangère, ces dames m’en firent les honneurs. On voulut que je prisse le divan à moi toute seule, et je m’y couchai mollement,