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une douleur qui aurait voulu se cacher à elle-même. Dans son désespoir, elle ne vit d’autre refuge que dans la vie conventuelle ; elle déclara à sa famille que Dieu l’appelait à lui, et qu’elle était résolue à entrer dans un monastère. Tous les parents de Dominga unirent leurs efforts pour ébranler sa résolution ; mais elle avait la tête exaltée, et les souffrances de son cœur ne lui permirent d’écouter aucune prière. Tout fut inutilement tenté : la jeune fille se montra aussi indifférente aux remontrances et aux conseils qu’elle avait été sourde aux sollicitations. La résistance qu’elle rencontra dans sa famille n’eut d’autre résultat que de porter son opiniâtre témérité à vouloir entrer dans le couvent le plus rigide de l’ordre des carmélites. Après un an de noviciat, Dominga prit le voile à Santa-Rosa.

Il paraît, continua ma cousine, que Dominga, dans la ferveur de son zèle, fut heureuse les deux premières années de son séjour à Santa-Rosa. Au bout de ce temps, elle commença à se fatiguer de la sévérité de la règle. Les souffrances physiques avaient calmé l’exaltation morale, et de tardives réflexions lui firent verser