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coups se répétèrent avec une effrayante rapidité. Le plus profond silence régna alors dans toute cette foule ; c’était le patient en présence de l’échafaud. Au bout d’une demi-heure, nous aperçûmes un nuage de fumée qui s’élevait derrière la pacheta ; le village de Cangallo se trouvant au pied de cette montagne, nous supposâmes que le combat s’y livrait. Vers onze heures, apparurent beaucoup de soldats sur la plate-forme de la pacheta ; une demi-heure s’était à peine écoulée, qu’ils avaient disparu derrière la montagne, et nous ne vîmes plus que quelques hommes épars, les uns à pied, les autres à cheval. À l’aide de l’excellente longue-vue du vieil Hurtado, je distinguais parfaitement que plusieurs de ces malheureux étaient blessés : l’un s’asseyait pour attacher son bras avec son mouchoir ; un autre s’entortillait la tête ; celui-là était couché en travers sur son cheval ; tous descendaient le chemin étroit et difficile de la montagne.

Enfin, à midi et demi, les Aréquipéniens acquirent la conviction de leur désastre. Le spectacle d’une déroute, magnifique comme la tempête, effroyable comme elle, s’offrit à nos regards ! J’avais assisté aux journées de juillet 1830,