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tection des personnes, des propriétés, et se concilier tous les partis en n’épousant aucun d’eux d’une manière exclusive. Ah ! mademoiselle Flora, je me repens amèrement de m’être ainsi engouffré. Depuis trois ans que je sers dona Pencha de ma plume et de mon sabre, je n’ai encore pu réussir à lui faire adopter aucun de mes plans. Cela me désespère ; et, quoique son caractère hautain et despote me rende malheureux, je le supporterais avec résignation si je pouvais arriver à faire le bien. Cependant cette femme a trop besoin de moi pour que je puisse songer à la quitter ; je dois travailler à lui faire ressaisir une autorité non contestée ; si je puis y réussir, je jure bien que je jette là le sabre et la plume pour la guitare, et en jouerai pendant trois mois sans soucis d’aucune espèce.

En écoutant Escudero, il me parut évident qu’il était las du joug que lui imposait sa toute puissante maîtresse, et qu’il ne cherchait qu’un prétexte pour s’y soustraire. Il venait me voir tous les jours ; nous avions ensemble de longues conversations. J’eus tout le temps d’approfondir cet homme, et je reconnus qu’il était peut-être le seul, au Pérou, qui fût capable de me seconder dans mes projets d’ambition. Je souffrais