Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
265

grand fauteuil, donnant à peine signe d’existence, il semblait assister lui-même à ses pompes funèbres. J’étais touchée de ce spectacle, quelque absurde que la réflexion me fît paraître la douleur qui conduisait l’évêque au tombeau. Quelle valeur attachait-il donc à l’or, me demandais-je, pour être aussi vivement affecté par sa perte, puisqu’il en usait si peu pour lui-même et n’en soulageait pas l’infortune ? Mais c’est en vain que je cherchais : l’avarice offre, à mes yeux, un problème moral dont il m’a toujours été impossible de trouver la solution. Si ce prélat avait distribué ses richesses aux pauvres, ses ennemis n’eussent jamais pu prévaloir contre lui ; les vertus de l’apôtre l’auraient plus efficacement protégé que cet or qui souillait son caractère ; et ni le moine Baldivia, ni Nieto, ni aucun autre n’eussent osé attenter à son repos. Cette pauvre Marequita, chez laquelle l’amour de l’or s’était substitué à toute autre affection, qui avait refusé avec dédain tous les partis, parce qu’elle voulait, avant tout, unir ensemble deux tas d’or d’égal poids, n’offre-t-elle pas aussi un phénomène moral impossible à expliquer ?

Je voulus aussi faire une visite à San-Roman ;