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privations de toute espèce qu’elle avait eus à souffrir à Santa-Rosa.

Dominga, ce soir-là, était ravissante ; elle avait une jolie robe en gros de Naples écossais rose et noir, un joli petit tablier en dentelle noire, des mitaines de tulle noir, qui laissaient voir à moitié ses bras ronds et potelés, ses mains aux doigts allongés ; ses épaules étaient nues, et un collier de perles ornait son cou ; ses cheveux, d’un noir d’ébène, brillant comme la plus belle soie, tombaient sur son sein en plusieurs nattes artistement tressées avec des rubans de satin rose ; sa belle physionomie avait une teinte de mélancolie et de souffrance, qui répandait sur toute sa personne un charme indéfinissable.

Quand j’entrai, elle accourut à moi et me dit avec un accent qui me pénétra de tristesse   : — Est-il bien vrai, chère Florita, que vous retournez en France ? — Oui, cousine, je pars et viens vous faire mes adieux. — Ah ! Florita, que vous êtes heureuse et combien j’envie votre sort !… — Chère Dominga, vous êtes donc bien malheureuse ici ?… — Plus que vous ne pouvez l’imaginer…, beaucoup plus que je ne l’ai jamais été à Santa-Rosa…