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de leur assurer des moyens d’existence qui les missent hors d’atteinte de la misère.

Les événements politiques étaient venus, sur ces entrefaites, compliquer ma position et rendre plus douteux encore le succès du procès. Mon oncle était revenu à Aréquipa le 3 janvier, et, le 23 du même mois, on y apprit la révolution de Lima. Le président Bermudez, quoiqu’il fût soutenu par les menées de l’ancien président Gamarra, avait été chassé, et Orbegoso reconnu à sa place. À la lecture des feuilles qui rendaient compte de cet évènement, il se fit un mouvement à Aréquipa. La majorité se déclara en faveur d’Orbegoso : le général Nieto fut nommé commandant général des troupes du département ; Althaus, chef d’état-major ; Cuedros, préfet : en un mot, on improvisa un gouvernement en vingt-quatre heures, et sans prendre le temps de réfléchir sur les conséquences probables d’une telle décision, on se sépara des départements de Puno, de Cuzco, d’Ayacucho et autres. Cette révolution avait jeté l’épouvante dans la ville : chacun menacé dans sa propre fortune n’eut plus de sympathie à accorder à la position d’autrui. La bizarrerie de la mienne avait captivé, avant cette crise, l’intérêt géné-