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d’Égypte ; de quelques oiseaux empaillés ; de coquillages et d’échantillons de minéraux ; le tout en petite quantité. Ce que je trouvai de plus curieux, c’est un grand assortiment d’anciens vases à l’usage des Incas. Ce peuple donnait aux vases dont il se servait des formes aussi grotesques que variées, et dessinait dessus des figures emblématiques. Il n’y a dans ce musée, en fait de tableaux, que trois ou quatre misérables croûtes, qui ne sont même pas tendues sur châssis. Il ne s’y trouve pas une seule statue. M. Rivero, homme instruit, qui a séjourné en France, est le fondateur de ce musée. Il fait tout ce qu’il peut afin de l’enrichir ; mais il n’est secondé par personne, la république n’accorde aucun fonds pour cet objet, et ses efforts restent sans succès. Le goût pour les beaux-arts ne se produit que dans l’âge avancé des nations ; c’est lorsqu’elles sont lasses des guerres, des commotions politiques, blasées sur tout, qu’elles s’y attachent, et animent ainsi leur existence désenchantée ; ces brillantes fleurs de l’imagination ne parent ni le berceau de la liberté, ni les débats qu’elle enfante.

Pendant mon séjour à Lima, j’allai plusieurs fois assister aux débats du congrès. La salle est