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une de ses filles, et accueillit sa demande. Il déclara sa volonté à Caroline, qui en resta pétrifiée. Riva-Aguero avait alors cinquante-cinq ans, était d’une laideur repoussante, d’une santé chancelante, d’un caractère triste et sévère. La jeune personne, le désespoir dans le cœur, alla se jeter aux pieds de sa mère et lui demanda protection ; mais, hélas ! la pauvre mère, esclave comme sa fille, ne pouvait que confondre ses larmes avec celles de son enfant. Le noble époux, maître absolu dans sa famille, vit se taire devant sa volonté toutes les répugnances. Dans tout le cercle de la famille Delooz, il ne se trouva pas une seule personne qui osât faire observer au père qu’il agissait avec cruauté, en jetant sa fille dans les bras d’un vieillard cacochyme, et, avec imprudence, en la mariant à un inconnu qui peut-être les trompait. Cette société hollandaise, encore plus asservie que la nôtre aux préjugés de l’orgueil, trouvait que le président du Pérou était un très beau parti pour Caroline Delooz, et force fut à la pauvre enfant d’en paraître honorée, contente et heureuse. Elle avait dix-sept ans quand elle épousa le vieillard.

Peu de temps après son mariage, la jeune