Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/402

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mère, et m’envoya son mari. J’allai lui rendre visite sans la rencontrer ; elle ne vint pas me voir, et je pensai qu’il était indiscret à moi d’y retourner. On me dit qu’elle n’avait pas osé se présenter à mon hôtel, tant elle redoutait la méchanceté de madame Denuelle ; celle-ci, il est vrai, en faisait une de ses plus burlesques charges. Cette dame a la modeste prétention de se croire sur la même ligne que madame de Staël ; elle a fait des ouvrages très remarquables, dit-elle, mais qui sont encore en portefeuille ; en sorte qu’il faut l’en croire sur parole. Dans les luttes des partis, elle adresse des odes aux vainqueurs, fait des pièces de poésie sur le soleil, la lune, la mer et autres sujets non moins grandioses. Madame Riclos était alors une femme de quarante ans, maigre, pâle et boiteuse ; elle ne porte jamais de saya, et sa mise se distingue par son extravagance ; elle a toujours de grands chapeaux avec des plumes blanches, des robes jaunes avec des châles rouges, et le reste de son costume à l’avenant ; elle professe pour son pays le plus profond mépris. Madame Riclos projette venir s’établir en France ; elle répète sans cesse qu’une femme de son mérite ne saurait vivre