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et, par suite, l’abolition entière de l’esclavage.

— L’abolition de l’esclavage… Et n’êtes-vous donc pas désabusée par l’essai que vous avez fait à Saint-Domingue ?

— Monsieur, une révolution qui avait les sentiments les plus généreux pour mobiles devait s’indigner de l’existence de l’esclavage. La Convention décréta l’affranchissement des nègres, par enthousiasme, sans paraître soupçonner qu’ils eussent besoin d’être préparés à user de la liberté.

— Et puis votre Convention oublia aussi d’indemniser les propriétaires, comme fait actuellement le parlement anglais.

— Le parlement, ayant notre exemple sous les yeux, a procédé à cette grande mesure d’une manière plus rationnelle, sans doute, que la Convention ; mais il a également été trop pressé d’atteindre le but, et les dispositions qu’il a prises sont tellement générales et brusques, que de longtemps elles ne pourront produire de bons résultats. Les obstacles qui s’opposent à un affranchissement simultané sont tels, qu’on a lieu de s’étonner qu’une nation aussi éclairée que la nation anglaise ait cru devoir n’y porter qu’une