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légère attention, et qu’elle se soit hasardée à affranchir l’esclave avant de s’être assurée de ses habitudes laborieuses, et de l’avoir complètement dressé par une éducation convenable à user de la liberté de notre organisation sociale. Je suis bien persuadée que l’affranchissement graduel offre seul un moyen prompt de transformer les nègres en membres utiles de la société. On aurait pu faire de la liberté la récompense du travail. Le parlement anglais serait allé plus vite au bien, s’il se fût borné à affranchir annuellement les esclaves au dessous de vingt ans, et qu’il les eût fait placer dans des écoles rurales et d’arts et métiers avant de les laisser jouir de la liberté. Il n’existe pas de colonies européennes où il ne se trouve encore de vastes étendues de terres à défricher, sur lesquelles on aurait placé les affranchis, et le travail n’eût pas manqué non plus aux nègres qui auraient appris des métiers. En procédant de cette manière, il eût fallu une trentaine d’années pour arriver à l’émancipation générale ; les nègres affranchis seraient venus annuellement accroître la population laborieuse et, conséquemment, la richesse des colonies ; tandis que, par le système suivi, ces pays n’ont qu’un long