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avenir de misères et de calamités en perspective.

— Mademoiselle, votre manière d’envisager la question de l’esclavage ne prouve autre chose, sinon que vous avez un bon cœur et beaucoup trop d’imagination. Tous ces beaux rêves sont superbes en poésie… Mais, pour un vieux planteur comme moi, je suis fâché de vous le dire, pas une de vos belles idées n’est réalisable.

Cette dernière réplique de M. Lavalle me fit sentir qu’en parlant à un vieux planteur je parlais à un sourd. Je cessai la conversation, qui, du reste, avait été fort longue. Cependant je me plais à dire que M. Lavalle, d’un caractère doux et extrêmement affable, traita cette question, si irritante pour tous les propriétaires d’esclaves, avec beaucoup plus de raison qu’aucun autre n’eût pu le faire. Nous continuâmes toujours, avec la même aménité de sa part, à parcourir son superbe établissement.

L’esclavage a toujours soulevé mon indignation   ; et je ressentis une joie ineffable en apprenant cette sainte ligue des dames anglaises, qui s’interdisaient la consommation du sucre des colonies occidentales ; elles prirent l’engagement