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on la déporte au Chili ; quant à moi, je suis parfaitement libre. Nieto m’a fait prier de rester avec lui, et Santa-Cruz me demande dans toutes ses lettres ; mais vous sentez, Florita, que la seňora Gamarra, dans le malheur, a droit à mon dévouement : tant que cette femme sera prisonnière, exilée, repoussée de tous, je dois la suivre dans sa prison, dans son exil, et lui tenir lieu de tout.

En ce moment, Escudero me parut superbe ! Je lui serrai la main, et lui dis avec une voix dont l’accent lui fit comprendre ma pensée : — Pauvre ami, vous étiez digne d’un meilleur sort…

J’allais continuer, lorsque la señora Gamarra apparut sur le pont. — Ah ! mi señorita Florita, que je suis contente de vous voir !… Je suis impatiente de vous connaître. Savez-vous, belle demoiselle, que vous avez fait la conquête de notre cher Escudero ? Il me parle de vous sans cesse, et vous cite à tout propos. Quant à votre oncle, il n’agit que sous votre inspiration. Ah ! méchante, j’ai été bien fâchée contre vous, lorsque j’appris que vous aviez quitté Aréquipa, l’avant-veille de mon arrivée. Hé ! quoi ! vous aviez voulu voir San-Roman, et votre curiosité n’est